Le Pilote est bien souvent le premier ambassadeur portuaire que rencontre l’équipage d’un navire qui arrive au Havre. Appelé et acheminé à bord en vedette ou bien par hélicoptère (tout dépend des conditions météorologiques), le pilote assiste le commandant du navire dès qu’il pose le pied sur le pont : c’est lui qui guide la manœuvre et conduit le bateau à son emplacement à quai. « Une lourde responsabilité, surtout quand on est appelé à guider un porte-conteneur de dernière génération, de près de 400 mètres de long » explique l’un d’eux. Quelle fierté une fois que le Commandant, lui aussi arrivé à bon port avec son navire et sa cargaison, peut lancer un « good job pilot ! ».
La règlementation oblige les commandants de navires à utiliser les services du pilote en fonction de la longueur, du tonnage du navire (généralement pour un tonnage supérieur à 300 tonneaux) et du type de cargaison transportée. Cette disposition, dont on retrouve les premières traces en France à Oléron vers l’an 1100, est devenue obligatoire et réglementée dans tous les ports de France en 1815. Le Pilote du navire est donc le conseiller du Commandant d’un navire qui entre ou sort du Port ou encore qui navigue sur une voie maritime difficile.
Il travaille pour une station de pilotage et est licencié pour un ou plusieurs Ports particuliers, voire une ou plusieurs voies fluviales.
Le Pilote est recruté sur concours. Il doit être titulaire d’un brevet de Capitaine délivré par l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM, ex « Hydro ») et posséder une expérience en mer d’une dizaine d’années en moyenne (dit au long cours). Après obtention du concours, le Pilote achète une part de sa station de pilotage (environ 250 000 €), qu’il revendra à son départ en retraite.
Chacune des 32 stations de pilotage de France et d’Outre-Mer fonctionne comme un syndicat regroupant les pilotes commissionnés à titre individuel par l’Etat, le syndicat étant chargé de gérer la collectivité, notamment le parc matériel : au Havre, six vedettes et un hélicoptère pour intervenir quelles que soient les conditions et sans supplément pour l’armateur.
Depuis 2005, la station de pilotage du Havre-Fécamp s’est dotée du premier simulateur de manœuvre portuaire en France. Cet outil permet de modéliser de façon hyper réaliste les ports de Fécamp, d’Antifer et du Havre. Destiné à faciliter l’intégration des jeunes pilotes, c’est aussi un instrument de formation continue qui permet de modéliser des situations inspirées de l’expérience du pilotage. Evolutif, le simulateur a récemment été équipé de commandes Azipod que l’on retrouve sur les paquebots modernes pour utiliser les hélices orientables à 360°. La station du Havre-Fécamp forme désormais des pilotes venus d’autres régions et de l’étranger.
Le pilote est protégé par un monopole d’Etat tout en étant une société privée. Les tarifs ne sont donc pas libres mais fixés annuellement par une assemblée commerciale au sein de laquelle les usagers et l’Etat sont représentés.
Lorsqu’un navire fréquente de manière régulière le même port, les commandants peuvent obtenir une licence de «capitaine pilote» leur permettant d’entrer eux-mêmes le navire dans le port, sous réserve d’avoir effectué un certain nombre de mouvements avec un pilote à bord et de revenir avec une périodicité suffisante.
Les pilotes s’adaptent au gigantisme
Avec l’arrivée de porte-conteneurs toujours plus grands, les pilotes doivent faire preuve d’une capacité de manœuvre toujours plus fine au sein d’infrastructures portuaires qui, elles, ne s’élargissent pas. Au Havre, les géants de tous bords repoussent les limites de la performance.
Chaque année, les pilotes de la station du Havre-Fécamp voient se profiler des navires de plus en plus gigantesques. Il y a 10 ans, des porte-conteneurs de
295 m semblaient déjà défier l’entendement. Or, aujourd’hui, il est devenu commun de voir des coques de 350 m voire 400 m s’engouffrer vers les terminaux à conteneurs, sans parler des paquebots de croisières hors norme.
Habitués à manœuvrer 365 jours par an des navires de tous gabarits, dangereux (dont les pétroliers qui accostent à Antifer) y compris dans des conditions météo difficiles, les 51 pilotes de la station du Havre-Fécamp avouent cependant ressentir une conscience particulière de leur responsabilité lorsqu’ils sont amenés à prendre en main les derniers fleurons de la flotte marchande internationale. Leur rôle est de mener ces mastodontes à bon port et aussi de faire bonne figure sur une passerelle qui n’est jamais la leur. « Quand on a réussi une telle manœuvre qui sollicite plusieurs remorqueurs, on est bon pour aller se reposer » avoue l’un d’eux qui convient que l’on s’habitue vite aux nouvelles échelles. Toujours est-il qu’il n’y a alors vraiment pas de place (au sens propre comme au sens figuré) à l’erreur, dans un environnement parfois difficile (Port 2000 et beaucoup plus ouvert aux vents que les installations historiques) et dans des conditions de croisement logiquement plus délicates.
L’atout simulateur
L’émergence de contraintes supplémentaires a renforcé l’échange d’expériences entre pilotes, notamment lors des exercices de simulation. « On développe une culture proche de celle du monde aérien où chaque évènement est rapporté afin d’enrichir l’approche de la collectivité » confirme un pilote havrais.
Témoignage :
« François, après avoir étudié 5 ans à l’Ecole Nationale de la Marine Marchande et obtenu son brevet de Capitaine de Première Classe de la Navigation Maritime, il a passé le concours de Pilotage de la station du Havre. Après cela il a pu commencer à piloter de petits navires. Aujourd’hui François est Pilote Maritime dit « tous tonnages ». « Par ce travail, je reste en contact avec mon ancien métier : Marin car je côtoie les équipages de chaque navire. Je manœuvre et conduis en sécurité toutes sortes de navires, ayant le rôle de chef d’orchestre dont je disposais déjà en qualité d’officier Marine Marchande durant ma navigation. Ce métier me permet également de rester plus proche de ma famille ».
Retrouvez l’UMEP TV de l’UMEP sur la Station de Pilotage Le Havre Fécamp : https://youtu.be/8F3X3K3XTI0
Sources : multiples sources internet, ouvrages spécialises, témoignages (Pratic-Export, fiches Pôle-emploi, Wikipédia, Onisep, CNRTL, Umep à la Page…)